CompagnieDIVINE EMILIE

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Discours sur le bonheur d'Emilie DU CHÂTELET

Lecture musicale à partir d'une adaptation du texte

Ce spectacle a été conçu comme une rencontre globale avec Emilie du Châtelet. Des extraits du Discours sur le bonheur permettent d’entendre sa voix. Ils sont intercalés entre des moments où Katell GRABOWSKA raconte son histoire si singulière. La compréhension du Discours s’en trouve facilitée et enrichie. Marc LAURAS donne également des clefs d’écoute grâce à sa musique.

Le Discours sur le bonheur a très probablement été écrit vers 1746 dans sa quarantième année, alors que l'amour de Voltaire s'en était allé. Il est considéré comme un des bijoux de la littérature des Lumières. Et pourtant il ne fut pas destiné à la publication. En dehors de sa qualité littéraire, ce texte nous est précieux car il donne à entendre la voix d'une femme de cette époque, qui plus est sur un thème cher au XVIIIe siècle : le bonheur sur terre, et non plus après la mort. Quand bien même Emilie était largement privilégiée grâce à son titre de Marquise, à la richesse de Voltaire, par l'éducation hors norme pour une femme qu'elle avait reçue et l'autonomie intellectuelle qu'elle lui conférait, elle était tout de même prisonnière de son statut de femme, mariée qui plus est. Elle ne put jamais se rendre en Angleterre alors qu'elle en rêvait. Car il aurait fallut que son mari l'accompagne ou bien qu'elle soit invitée par une Altesse royale. Ses déplacements dans le royaume de France étaient tout aussi contraints : elle était prisonnière chez elle tant que son mari vivrait. La gloire et les honneurs étaient interdits aux femmes. Et ses amies furent rares, car sa liberté intellectuelle et son ambition causaient bien des jalousies.

Une forte complicité intellectuelle demeurait entre la Marquise et Voltaire. Et celui-ci continuait à la suivre dans ses déplacements. Il entretenait une relation avec sa nièce, sans se décider à rompre avec Emilie. Ce désamour fit atrocement souffrir Emilie. Pourtant elle finit par trouver une certaine paix intérieure au moment où elle écrit ce manuscrit.

Peut-on être heureux en étant dépendant du regard des autres ? La liberté est-elle vraiment une condition du bonheur ? Peut-on être heureux en aimant passionnément ? Peut-on être heureux lorsque l'amour de l'autre s'est tiédi et refroidi ? Quelle place donner aux passions, au travail et à l'étude ? etc ...

Emilie était très consciente de ses privilèges et n'envisageait pas d'y renoncer ni de les partager ! Néanmoins en ce début de XXIe siècle, les questions qu'Emilie se pose et les réponses qu'elle propose résonnent avec nos préoccupations actuelles.

Emilie DU CHÂTELET (1706 - 1749) est la première Française à avoir été reconnue comme « un des plus grands savants européens ». Elle fut le grand amour de Voltaire et son alter ego intellectuel. Elle eut la chance d'être adorée de son père et admirée par son mari. Dotée d'une intelligence et d'une force de travail hors norme, elle eut néanmoins le courage de défier l'ordre social et les moqueries à répétition, en cherchant à s'affirmer dans un monde exclusivement masculin : celui des sciences physiques et mathématiques. Emilie fut la première femme à être publiée par l'Académie des Sciences pour son mémoire sur le feu. Elle osa signer de son nom ses Institutions de physique qui firent le tour de l'Europe, soutenue en cela par Voltaire et son mari, à une époque où, s'il était toléré qu'une femme soit savante, il l'était très mal qu'elle le montre. Emilie était également passionnée de chant, de théâtre, de philosophie, mais les deux plus grandes affaires de sa vie furent ses amours, et Newton. Dans les années 1730 - 1740, les théories de Descartes régnaient en France, alors que celles de Newton régnaient en Angleterre. Avec trois autres amis savants et Voltaire, Emilie a fait basculer la France savante de Descartes à Newton. Son leg le plus important en dehors de ses Institutions fut sa traduction-amélioration et un commentaire du chef d'œuvre scientifique de Newton : ses Principia, où il expose entre autre chose sa théorie de la gravitation universelle.